Une petite fantaisie de maître Gillon dans des domaines divers. Là où il montre que le simple noir et blanc peuvent être magnifiques. Comme Hugo Pratt dans son genre.
Un cycle se referme. Cette fois, alors qu'Anhyèle contrôle son souffle et bouge languissamment comme une rêveuse, elle sent flotter autour d'elle les effluves entêtants qui se propagent du pelage de la bête, comme frotté d'épices. Ce jour-là, la jeune femme explore consciencieusement la contrée tiédie aux flamboyantes radiations de Tauryde. Nulle trace de ses visiteurs. Ses réserves épuisées, au matin, de sa langue avide, elle essuie la rosée à l'arête des roches et mâchonne des poignées de mousse insipide. Son sommeil est de plus en plus long, enfiévré, et cette-nuit-là, un souffle l'assaille, frôle l'échancrure de sa hanche… Effleure son visage émacié aux yeux clos. Fait frémir ses paupières bistrées par l'anémie. Anhyèle se retourne ! A-t-elle rêvé ? au-dessus d'elle Tauryde laisse glisser sa sombre masse oppressante.